Ayako Miyawaki – Images-tissus

English text

Potiron, 1974

Des « Nuno-e », littéralement des « images-tissus », ce sont les œuvres auxquelles Ayako Miyawaki donna vie à partir de l’âge de 40 ans. Artiste autodidacte née à Tokyo en 1905, mariée au peintre Haru Miyawaki avec lequel elle part vivre à Nagoya, Ayako perfectionne son art de l’appliqué jusqu’à son décès, à l’âge de 90 ans en 1995.

Puisant dans l’immense stock des coupons de tissus de sa défunte belle-mère, elle donna vie à des dizaines de natures mortes saisissantes. Potiron ou ananas, haricots ou kakis, fleurs en tous genres, poissons et crevettes: rien n’échappa à son œil attentif et sensible. Couleurs, matières, formes, les produits de la nature sont magnifiés par le truchement d’un morceau de tissu, là de dentelles, ici par un délicat fil de couleur. Dans ces portraits de simples choses de la nature, on pourrait lire de premier abord une certaine naïveté mais ce serait oublier tout le sérieux et la patience que Miyawaki a mis à observer, à étudier la nature, comme en témoignent ses nombreux carnets de croquis. « Avant de commencer à créer, regarder de près. Ce faisant, vous allez réaliser que nous avons tendance à voir les choses de manière vague. Vous allez rencontrer l’inattendu et vous allez être surpris » écrit-elle dans l’un d’entre eux.

La simplification des formes s’affirme au fur et à mesure des années – elle évolue vers des œuvres où seuls les pourtours des objets ou des produits de la nature est souligné au fil, comme une silhouette sur un arrière-plan souvent monochrome (Petits pois – voir ci-dessous).

Chez Ayako, comme pour le spectateur, l’inattendu vient de l’intérieur, des entrailles de ces fruits et légumes qu’elle nous fait découvrir. Car, le plus souvent, c’est découpés ou tranchés qu’ils sont représentés – leur chair, leur pulpe, leur cœur, leur graines s’affichent tandis que les poissons sont réduits à leurs arêtes – et c’est là que le travail d’Ayako Miyawaki nous touche le plus. Plus que les papiers découpés de Matisse auxquels certaines réalisations (telles les Aubergines colorées – voir ci-dessous), plus aussi qu’à la représentations scientifique et détaillée des planches d’une encyclopédie de botanique, c’est alors aux morceaux de bœufs écorchés de Soutine que ses « images-tissus » peut faire penser. La comparaison peut faire sourire tant la forme est différente mais c’est une même recherche, curieuse et obstinée, de ce qui se cache à l’intérieur du vivant qui anime ces œuvres.

Longues aubergines, 1964
Petits pois, 1977

Pour poursuivre la lecture, une recommandation: le catalogue d’exposition de la rétrospective « Miyawaki Ayako: I saw, I cut, I applied » (Tokyo Gallery, Janvier-Mars 2025)

https://www.ejrcf.or.jp/gallery/english/archive_202501_miyawaki.html


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